mardi 12 avril 2011

Ce que je voudrais dire

Et que certainement je ne dirai pas.

Depuis notre dernière entrevue avec l'école, nous avons du mal à nous repositionner par rapport à la scolarité d'Alexis, du mal à regarder devant, obsédés que nous sommes par notre dernière entrevue avec l'école et la maîtresse.

J'ai l'impression que nous avons un genou à terre, avec le poids de tout ce que je voudrais dire et que certainement je ne dirai pas, tellement ça ne servira forcément à rien, en plus de fait de risquer de nuire à Niels, quand lui aussi sera à l'école. 
Je crois que nous avons du mal à dépasser l'agressivité et la rancœur qui est en nous. Ce que pourtant il nous faudrait faire au plus vite pour repartir de l'avant. 

Combien de fois me suis-je imaginé à nouveau à  cette réunion, leur reprochant de n'avoir jamais cherché à vraiment comprendre, de n'avoir jamais fait l'effort de se documenter, de se renseigner sur la précocité enfantine. Je suis certain, pourtant qu'ils seraient tous là, en rang dans une manifestation pour défendre l'intérêt des enfants  et assez tristement, je les crois de bonne foi. C'est sans doute pour ça que j'enrage, chaque fois que j'y pense, de les savoir incapables de faire face à leur incapacité. 
Quand il est reproché à Alexis de ne s'intéresser qu'à la culture générale et pas aux apprentissages académiques, quand il nous est reproché de le laisser lire et de lui expliquer ce qu'il ne comprend pas comme si la connaissance était un jouet dont il faut sentir la frustration pour mieux grandir, je trouve ça tellement imbécile que je m'en veux de ne pas avoir rué dans les brancards. Il est tellement reproché aux ados leur manque de culture et leur manque d'envie d'apprendre qu'à reprocher un trop grand intérêt pour celle-ci me semble un non-sens absolu. 
Par ailleurs, je me dis que pour ne pas arriver à susciter l'intérêt chez un enfant qui a a tant envie d'apprendre, ne pas arriver à dépasser son manque d'autonomie dans l'apprentissage devrait pour l'enseignante être ressenti comme un véritable échec professionnel. Je trouve inadmissible que cet échec soit reporté sur de soit-disant problèmes psychologique d'Alexis. Comme ils* ne comprennent pas notre enfant, comme il n'est pas à leur standard, comme ils sont déstabilisés par son comportement, ils* considèrent qu'il ne peut qu'avoir besoin de voir un psychologue. Ils ont en face d'eux un enfant qui n'est ni déviant, ni violent, ni traumatisé. Ne pas arriver à le remettre dans une dynamique d'apprentissage positive, ne pas faire face au dis-synchronisme de ses connaissances est un échec professionnel qu'ils mettent sur son compte à lui. 

J'ai cru que leur choix de travailler à faire grandir des enfants leur donnaient une ouverture d'esprit capable de compenser le manque de connaissance. J'ai espéré les convaincre, en faire des alliés, des gens qui nous aideraient et nous comprendraient. C'est une petite école de seulement 4 classes à deux pas de chez nous et tout aurait dû être possible. Mais il s'est trouvé que nous devions nous défendre, que nous devions préparer nos coups à l'avance les rencontrer à deux pour faire face (leur faire face) et que nos tentatives de conciliation ou de transmettre ce que nous savions pour leur permettre de mieux appréhender Alexis n'ont pas fonctionné. N'est-il pas terrible de ressentir ceci comme un échec?

Dans les semaines à venir, nous dépasserons cette colère.
Nous devrons d'abord choisir soit de le laisser dans la même école, en espérant que la maîtresse de l'année prochaine aura une meilleure approche, soit de le changer d'école, attendu que ce sera sa quatrième école en 5 ans. 
Si nous le changeons d'établissement, se posera le choix le plus adapté. La famille fait son possible pour que nous ayons en main toutes les cartes pour prendre la bonne décision.

Mais en attendant, quand même, c'est dur. Et vraisemblablement, je ne leur dirai pas leurs quatre vérités. A quoi bon?

 

* "ils": tous ceux que nous avons rencontrés et qui portent ma colère

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