mardi 4 janvier 2011

Je crois que j'en tiens un, chef!

Ce soir, alors que s'étirait vers la fin le repas de Noël en famille et que nous discutions d'Alexis et de sa scolarité, sont venus sur le tapis le thème des prédispositions génétiques et de notre apprentissage de la lecture à Alexis et à moi.

Il est toujours un peu difficile de relater ces discussion à postériori, tant on craint de réécrire la conversation de manière inappropriée. Voici ce que j'en ai retenu.

Nous étions en train d'expliquer de dire, Alexandra et moi que la précocité étant une caractéristique physiologique du cerveau, il était désormais assez bien connu que cette nature neurologique était héréditaire.

Mon père manifeste son désaccord sur ce caractère héréditaire et inné. Il s'est beaucoup formé à la psychologie de l'enfant en lien avec son métier d'enseignant, et à son avis, ça ne peut manifestement pas être un caractère exclusivement physiologique, mais c'est quelque chose en lien avec la manière dont on éduque l'enfant. Sous-sous-jacente, je crois (même si ce n'est pas comme ça qu'il l'a dit), l'idée que les enfant naissent avec un capital d'apprentissage équivalent, et c'est aux adultes d'arriver à tirer le meilleur de ce potentiel qui est grosso modo le même pour tous. Les enfants sont bien sûr différents, mais en termes de capacité, ils partent à peu près tous avec le même total en termes de capacités, répartis au hasard en différentes sous-potentiels qu'il faut développer pour en faire des adultes. Certains seront plus matheux, d'autres plus artistiques, plus physiques, plus autre chose. Aucune compétence n'a plus de valeur qu'une autre dans une société où les différences de chacun forment un tout harmonieux grâce à l'entre-aide et à la fraternité de tous. Dire que 5% de la population part avec un potentiel sensiblement inférieur à la moyenne et 5% avec un potentiel sensiblement supérieur à la moyenne, ce serait presque justifier un certain darwinisme éducatif. Ce n'est pas bien. Une telle idée lui est je crois insupportable, et je pense ressentir une crispation à mesure que la conversation avance.
Tant pis pour les recherches des 20 dernières années.

Et puis je demande quelle a été notre avancée à mon frère et à moi en matière de lecture. Ma mère a souvent dit qu'Alexis me ressemblait, mais je n'ai aucun souvenir de cette époque où j'ai appris à lire. Tous deux disent que nous avons appris à lire à l'âge normal avec nos instits (et avec un appoint à la maison). Et là, mon père lance: "ma mère m'a toujours dit que j'avais appris à lire tout seul, mais je n'y crois pas". Puis suit une phrase qui exprime ses doutes sur le fait qu'Alexis a lui-même appris tout seul.
C'est à ce moment que je me suis dit "ca y est, chef!! je le tiens! Celui par qui le gène est arrivé chez Alexis, c'est lui! Il ne veut pas le reconnaitre, mais c'est lui!"

J'ai aussi bien compris que le chemin allait être long pour le convaincre du caractère physiologique de la nature son petit fils, mais d'un certain point de vue c'était presque anecdotique. J'avais "le patient 0".

Ça me fait penser au père d'une amie. Ce monsieur a été dépisté au moment de son service militaire, mais d'un certain point de vue, il refuse l'idée que sa caractéristique puisse constituer une différence.

1 commentaire:

  1. Je crois aussi que le chemin sera long ;)
    Mais rien n'est perdu !

    Il faut parfois du temps pour admettre certaines choses (d'autant plus qd on s'est convaincu du contraire tte une vie durant...).

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